10/05/2006

Petit monde social

Bien avant de revenir ici à Grimentz, le village de mon enfance, je suis passée par l'université de Bâle au nord de la Suisse pour y étudier une branche spécifique au milieu germanophone, qui s'appelle Volkskunde. Cette branche s'apparente à une approche ethnologique de la sociologie française. Mes racines dans un pays aussi authentique que le Valais, d'autant plus que j'ai grandi dans un fond de vallée latérale - rappelons-le, le Valais se trouve au beau milieu des Alpes - m'y ont sans conteste poussée.

Si intéressantes que ces études le furent, j'ai fini par bifurquer dans le domaine touristique pour me retrouver dans mon village près de 20 ans après l'avoir quitté. Mais j'apprécie tout particulièrement le caractère du milieu et des gens, notre identité spécifique. On dit des gens de ma vallée que nous avons la tête dure, qu'il suffit de nous nous visser dans la terre à notre mort tant nous sommes tordus et je vous en passe et des meilleures. Comme partout, nous avons effectivement des spécimens un peu... bruts pour caractériser notre identité spécifique, mais ils ne sont pas majorité. Bon, quand je parle de majorité, il faut tout de même avouer que nous sommes peu. Notre vallée, le Val d'Anniviers regroupe pour l'heure 6 communes pour moins de 2500 habitants. Bien moins, je crois. Peut-être même que nous sommes plutôt proches des 2000.

Bref. Ce que j'apprécie dans un si petit milieu correspond exactement à ce que je fuyais absoluement lorsque je vivais à Bâle: la proximité vs. l'anonymat. Aujourd'hui, quelques pas pour rallier la poste à environ 150 mètre de distance et j'ai déjà salué avec chaleur plusieurs personnes et engagé une ou deux discussions. Lorsqu'il s'agit de faire le tour du supermarché ou de rejoindre une table ou la sortie au restaurant d'altitude, simplement de traverser le village, il me faut prévoir un temps supplémentaire pour échanger avec autochtones-parents (on est tous cousins, par ici:-) ou amis en visite connus. Alors, quand il s'agit de retourner au bureau dans un temps honorable, c'est souvent mission impossible pour la mauvaise conscience qui me taraude. Mais ça fait souvent rigoler les gens qui m'accompagnent car, souvent, il s'agit de personnes extérieures à ce genre de milieu qui ne connaissent pas ce genre de fonctionnement. Quelque part, c'est rassurant une si grande famille. En tout cas, ça touche profondément la corde sociale qui est en moi, malgré une timidité qui m'empêche d'entrer en contact avec la même simplicité avec tout le monde ici.